Mon travail est le fruit d’une perpétuelle recherche d’introspection, au travers d’expérimentations plastiques et sonores. Au fil des mes années de pratiques, j’ai mis au point un processus engageant peinture, photo, médiums digitaux et musique afin d’essayer d’exprimer quelque chose de viscéral. Ce texte revient donc sur l’évolution de ce processus au cours de mes années de pratique artistique, des différents choix qui ont définis la forme de mon travail actuel, et des possibles formes futures qu’il prendra.
Au début, mon travail consistait en une sorte de laboratoire d’expérimentations plastiques, je ne savais pas exactement ce que je voulais exprimer, cependant je savais que je voulais créer, ce qui m’a amené à me lancer dans des processus de création abstraites simples. Au fil des expériences, j’ai petit à petit découvert un grand intérêt pour les détails survenus par accident, et j’ai œuvré à les reproduire et les mettre en valeur. La capture et la sublimation de ces imprévus étaient devenus mon sujet de travail principal, m’amenant pas à pas vers quelque chose de très sensible. L’idée de créer un univers au travers de petites choses comme des taches, des textures ou des reflets prenait sens à mes yeux, car à mes yeux, voyager dans ces micros-univers revenait peu à peu à voyager en moi, c’était devenu une manière d’explorer le plus profond de ma psyché.
En parallèle à toute cette recherche plastique, je nourrissais un intérêt grandissant pour la création sonore, je trouvais dans la musique un autre moyen d’effectuer une introspection.
J’ai donc commencé à appliquer mes procédés de création plastique à la création sonore, et tout à fait sens, le son était devenu un moyen tout aussi puissant d’exprimer ce que j’avais au plus profond de moi. Là où mes influences musicales étaient relativement classiques (Groupes Progressifs tels que Tool, Meshuggah, Steven Wilson...), j’ai découvert le travail d’artistes + expérimentaux tels que John Cage, La Monte Young, et surtout Ryoji Ikeda.Pour ma production plastique, j’ai très vite adopté des médiums me permettant de réaliser beaucoup d’échantillons facilement ; j’ai notamment beaucoup utilisé d’acrylique, que j’appliquais sur de l’aluminium afin d’imprimer les formes et aspérités de l’aluminium sur mon support, du papier la plupart du temps. Avec ce procédé simple, j’avais toute une gamme d’empreintes d’aluminiums dans lesquelles puiser pour trouver les détails qui me plaisaient. J’ai au fil du temps trouvé des astuces pour étoffer ces empreintes, en changeant de supports (plaque de métal par exemple) ou alors en incorporant des éléments à “imprimer” par la peinture, comme des cordes de basse. Pour capturer ces détails d’empreintes et les mettre en valeur, il m’est rapidement venu à l’idée de les prendre en photo avec un objectif macro, pour pouvoir les agrandir sans perdre le moindre détail. Cependant, les photos traduisaient un peu trop bien la réalité de ce qu’elles étaient, à savoir de simples empreintes sur papier. J’ai donc essayé de jouer avec des logiciels de retouche photo, jusqu’à complètement transformer mon image initiale ; de ces empreintes, je me retrouvais à voyager dans des mondes microscopiques abstraits et très sensibles, et le digital me permettait de décliner chaque photo en une infinité de possibilité. Ici commençait donc un travail très sensible de modification de paramètres, jusqu’à obtenir l’image qui retranscrivait ce que je voulais exprimer sans avoir les mots pour le faire.
Je trouvais cette idée de transcender l’empreinte vers quelque chose d’unique très forte, car cela se rapproche ma propre notion de spiritualité, dans laquelle l’humain se transcende à travers la création. Ces images sont donc un reflet de ma propre transcendance, l’art me donnant une raison plus profonde d’etre et d’envisager la vie.
En ce qui concerne le son, j’ai appliqué le même procédé ; enregistrer quelque chose de brut et simple que je joue sur un instrument, et le distordre avec des pédales d’effet ou des logiciels. Je fais ensuite une composition de tous ces enregistrements, qui résulte en une composition abstraite et atmosphérique, qui laisse place à mes ressentis profonds. Il y a dans ces créations sonores une idée de méditation contemplative, j’ai été très influencé par Tool, groupe qui joue sur la notion d’introspection par la méditation ou la transe, sur des compositions parfois très longue, laissant l’auditeur se perdre dans la musique pour se retrouver dans un état contemplatif.
Autre influence notable, les composition rythmiques complexes de Meshuggah, j’ai trouvé dans ces rythmes extrêmes, compliqués et répétitif, une manière d’amener une certaine méditation, aussi bizarre que cela puisse paraitre étant donné la nature violente de ces musiques. J’essaie de travailler sur les textures et les rythmes pour à mon tour me perdre dans le son, et accéder à cette contemplation.Actuellement, je souhaite approfondir mon sujet, j’étudie l’utilisation du cercle et du carré au travers de l’histoire de l’art, afin de m’en servir pour rendre l’utilisation de ses formes plus pertinentes. Les polyrythmes de mon dernier travail (fragment de chaos) essaie de transcrire un cercle et un carré avec une combinaison de rythme en 9/4 et 4/4 afin de rajouter un cadre pas forcément simple à décoder, ce qui selon moi participe à l’immersion dans le son.
Je souhaite peu à peu affiner mes maitrises des logiciels et mes connaissances musicales afin d’avoir une maitrise plus profonde de mes médiums, et ainsi retranscrire mes sentiments de manière plus précise.Ce site a été réalisé en 2024 dans le cadre de mon travail de fin d'étude à l'ESA le 75, et constituera une archive pour mes futurs travaux audiovisuels.